Mieux que le calcul en Francs constants, la notion de prix réel équivalent travail permet d'expliquer que "les gens roulent comme si l'essence n'avait pas augmenté". De fait, au début de 1981, l'essence n'était pas, en valeur réelle plus chère qu'au début 1973. De 1970 à 1981, les consommations de carburants routiers ont été constamment sensibles aux variations de leur prix réel. La simultanéité de leurs mouvements respectifs est parfaite.L'élasticité au prix est bien supérieure à celle trouvée par des analyses antérieures. Toutefois son interprétation apparaît fort complexe, rendant illusoire l'établissement d'une relation mécanique entre prix et consommation. Jusqu'à présent les consommateurs ont pu préserver leur mobilité grâce à plusieurs subterfuges. Car il semble que pour eux l'essentiel soit de sauvegarder leur mobilité automobile. Devant des perspectives de hausses, peu de ménages en acceptent la remise en cause. Plus qu'un bien économique, la mobilité est devenue une valeur sociale. Par conséquent une politique de renchérissement du prix réel de l'essence (ou une réelle augmentation de son prix) aurait des implications économiques et sociales majeures.