Dans une situation particulière s'il en est, celle de la guerre civile du Salvador qui perturbe jusqu'au fonctionnement de sa capitale, cette étude aborde un aspect original, important et rarement évoqué de la mobilité des secteurs populaires en Amérique Latine, celui des femmes. Il s'agit d'une démarche exploratoire basée sur l'interprétation des données générales relatives à l'urbanisation, l'emploi et les transports à San Salvador, débouchant sur la réalisation d'une vingtaine d'entretiens... Ces entretiens auprès des femmes actives révèlent certaines richesses de leur mobilité. Elles seraient les seules personnes à avoir «une pratique gratuite du centre», dont les contours et la fréquentation varient d'un sujet à l'autre. Le «lèche-vitrine» serait une dérive mise à profit pour oublier l'emprise des rôles et des clivages dominants. Et le trajet de retour, plus lent et variable, faciliterait un certain sentiment de liberté et d'autonomie hors de cercles contraignants du travail et du foyer.Conditions matérielles et perceptions symboliques, soumission aux transports en commun et réappropriation de leurs déficiences, dépendance structurelle et pratiques d'autonomisation sont des pistes qui éclairent ces modes de vie d'une façon originale. (E. Henry)