Si nous en croyons les allégations de leur dirigeants, dont la presse spécialisée se fait l'écho sans toujours beaucoup de discernement, les entreprises de transport routier de marchandises sont toutes N° 1 ou en voie de le devenir. Il y a celles qui affirment dominer un métier : elles sont alors leader dans la messagerie, le transport frigorifique ou le transport de produits volumineux. Certains grands groupes seraient même les meilleurs en tout ! D'autres entreprises cherchent à se différencier : elles assurent alors être N° 1 par leur qualité de services, leur offre technique ou leur outil informatique. Enfin, celles qui n'ont pu prétendre aux podiums précédents, n'hésitent pas à se déclarer leaders sur une zone géographique ; zone qui ne s'étend pas du Royaume-Uni à l'Espagne, ni même de Lille à Marseille, mais plutôt d'Aurillac à Tulle ou de Châteaubriant à Redon.Certes, au pays des aveugles les borgnes sont rois et sur les 37 000 entreprises que compte le secteur des transports, 27 000 (et sans doute plus encore !) ne prétendent à rien d'autre qu'à la survie. Mais, notre esprit, sans doute trop étroit, est chagriné par l'affirmation péremptoire de l'existence de 10 000 leaders. Il les croit relever davantage du délire mégalomane que de l'analyse objective de la réalité stratégique du secteur.Cet article s'attache à dénouer cet écheveau de déclarations et à mettre en lumière les différentes stratégies mises en place par les entreprises françaises pour participer à la compétition européenne. Il conduit, par une analyse fine du secteur, à s'interroger sur l'existence de réelles stratégies européennes.