Un débat s’est ouvert concernant les différentes et nombreuses manières d’aboutir à une meilleure implication du public dans les processus décisionnels en matière d’environnement, intégrant les principes d’équité, de responsabilité, de qualité et d’acceptabilité des décisions prises à l’issue de ces procédés. C’est plus particulièrement le cas des Études d’Impacts sur l’Environnement (EIE), pour lesquelles les recherches effectuées ont particulièrement insisté sur la participation du public. Si bien que certains prétendent que " l’EIE n’est pas l’EIE sans la consultation du public et sa participation " (Wood, 1995 : 225). Cependant, malgré un soutien important accordé au principe de participation du public, son application sur le terrain demeure très problématique puisque que les procédures permettant la participation du public et les pratiques administratives ne vont pas de pair.Afin d’analyser les tensions qui existent entre les motivations des entreprises commerciales et celles du public sur cette question de la participation, cet article aborde le programme de consultation conçu lors du projet de construction d’une deuxième piste d’atterrissage à l’Aéroport de Manchester. Basée sur un système d’évaluation que Petts (1999) a bâti à partir des travaux de Webler (1995) sur l’étude du public et sa participation, l’analyse permet de mettre en évidence d’importantes imperfections concernant le degré réel d’implication du public dans le processus décisionnel. Les conclusions dressées à l’issue de cette analyse expliquent le sentiment d’aliénation que ressentent beaucoup de participants à l’égard de tels processus, participants qui, jusqu'à aujourd’hui, demeurent insatisfaits par les procédés et les résultats produits par l’EIE de la deuxième piste. De plus, ce travail montre que les procédures qui portent actuellement les EIE, ainsi que celles proposées par la récente Directive sur l’Évaluation Stratégique des Impacts sur l’Environnement (ESIE), en dépendant largement de l’initiative prise par le promoteur pour mener à bien des exercices de consultation du public, entraînent un niveau de participation qui ne satisfait pas l’engouement du public pour ce type d’investissement.