L’article analyse les évolutions induites par la massification croissante des flux de conteneurs sur l’organisation du transport fluvial rhénan. Au cours des années 1990, une première phase de développement des trafics avait eu un effet vertueux sur l’offre de transport, dans la mesure où les volumes justifiaient des rotations régulières et l’emploi d’unité plus capacitaires. Aujourd’hui, les conditions semblent réunies pour que s’opère une seconde mutation au profit de grandes plates-formes de concentration des flux (transferium et megaport). Leur mise en place répond au souci de désaturation des terminaux maritimes par un traitement massifié en amont. Cette exigence portée de longue date par les acteurs maritimes s’était jusque-là heurtée à l’opposition des opérateurs fluviaux, soucieux d’éviter toute rupture de charge supplémentaire. La maîtrise organisationnelle des trafics (barges et terminaux) qui fait la singularité du Rhin leur avait permis de contenir cette évolution. L’intensification des flux et leur concentration croissante sur le Rhin inférieur et dans le Delta, sont autant de facteurs de rupture que renforce encore l’émergence d’un puissant acteur fluvial avec la reprise par Rhenus des actifs fluviaux de Wincanton en août 2011.