Les dessertes ferroviaires à grande vitesse engendrent dans les villes desservies des attentes de la part des acteurs publics, mais aussi parfois des entreprises. En facilitant les déplacements et en raccourcissant les distances-temps, elles conduiraient à des potentialités de proximité temporaire plus importantes entre les acteurs des villes reliées. Elles permettraient aux entreprises d’élargir leurs marchés et de se rapprocher de leurs fournisseurs. Afin de bénéficier de ces potentiels de proximité, les entreprises de services chercheraient à s’implanter près des gares. Nous interrogeons les écarts entre les attentes associées à la grande vitesse en termes de développement de l’activité des entreprises, les facteurs de localisation déclarés par celles qui s’implantent près des gares TGV et l’usage réel qu’elles ont de la desserte, en présentant les résultats de deux enquêtes menées autour de la gare de Reims en 2008 et 2014. Depuis juin 2007, l’agglomération rémoise est desservie par la LGV Est-européenne en deux gares, celle de Reims-centre et la nouvelle gare TGV Champagne-Ardenne. Une première enquête réalisée en 2008 montrait que les entreprises qui s’étaient implantées à côté de la gare de Reims centre ne l’avaient pas fait en raison du TGV et qu’elles étaient peu nombreuses à utiliser la desserte. Une seconde étude menée en 2014 montre des résultats différents. Les entreprises sont plus nombreuses à déclarer que la desserte TGV a été un facteur de localisation, mais également à l’utiliser. Les pratiques semblent également avoir évolué : les entreprises tendent à privilégier le TGV, notamment vers Paris. Toutefois si le TGV est davantage un facteur de localisation, il ne conduit pas les entreprises à activer leur proximité à Paris.