L’Afrique de l’Ouest s’est dotée d’institutions, de mécanismes et de textes juridiques pour promouvoir un espace communautaire intégré. L’un des principaux objectifs est de faciliter les échanges commerciaux et les flux humains. Les infrastructures de transport sont identifiées comme les instruments indispensables de ces processus de développement territorial. Mais les discours institutionnels sont très éloignés des pratiques des acteurs de terrain. De très nombreux dysfonctionnements entravent la fluidité des circu¬lations sur les corridors, maillons déterminants de l’intégration régionale. Les opérateurs économiques en pâtissent et les populations expriment leur frustration, d’autant qu’il est difficile de concilier les exigences des acteurs de la mondialisation et les impératifs d’un développement pour tous. Une intégration régionale réussie suppose que, par-delà la fluidité améliorée des circulations, soit rendue possible leur capacité à féconder les territoires traversés au profit des économies et des sociétés dont elles impactent la vie quotidienne. Le corridor littoral Abidjan-Cotonou offre un intéressant champ d’expérimentation. Ce texte s’appuie sur une étude du transport par voie routière des flux de ciment opérés par la société Dangote, exemplaire des questions posées par l’intégration régionale en termes d’efficacité mais aussi en termes de dégradation sociale et environnementale.