Avec l’augmentation du trafic automobile, les externalités négatives de l’usage de la voiture n’ont cessé de progresser, en particulier les émissions de polluants et de gaz à effet de serre. Face à ce constat, les pouvoirs publics ont mis en œuvre des politiques volontaristes pour réduire l’usage de la voiture, qui semblent toutefois atteindre leurs limites, échouant notamment à traiter le problème de la dépendance automobile dans les espaces peu denses. Aussi, dans un contexte de renchérissement de l’énergie à long terme, apparaît-il de plus en plus nécessaire de compléter l’analyse des politiques de mobilité non seulement au regard des enjeux environnementaux mais également en termes d’équité. Pour cela, plusieurs scénarios sont considérés, correspondant à des hypothèses différenciées en matière d’évolution des prix des carburants, des revenus et de la consommation des véhicules, dont les répercussions sur les émissions de gaz à effet de serre, l’usage moyen de la voiture et l’effort budgétaire des ménages, analysées à l’horizon 2060. Afin de projeter ces indicateurs, un modèle séquentiel de génération de trafic est utilisé, tenant compte de l’évolution du nombre de détenteurs du permis de conduire équipés d’un véhicule personnel. Les résultats obtenus suggèrent que le progrès des motorisations représente un moyen efficace de réduire simultanément les émissions et l’effort budgétaire des ménages, en répondant donc à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux. En revanche, une forte augmentation du prix du carburant présente une efficacité limitée au niveau de la réduction des émissions en raison de la dépendance automobile, tout en causant une forte augmentation de l’effort financier des ménages. Pour finir, quelques pistes de recherche sont indiquées en vue d’approfondir la présente étude, comme un test de la sensibilité des résultats à différentes valeurs de l’élasticité de l’usage de la voiture par rapport au coût kilométrique, une étude approfondie de la relation entre progrès technique et prix du carburant sur le long terme, l’existence de possibles effets paradoxaux des hausses de prix du carburant qui tendraient à en réduire l’efficacité environnementale, ainsi qu’une évaluation des probabilités attachées à chaque scénario.