Antje Burmeister et Olivier Klein introduisent les articles issus des travaux d’unatelier thématique du GdR Transpace qui s’est tenu entre 1998 et 1999. CeGdR fédère des recherches pluridisciplinaires autour de l'articulation entreles transports et l'espace. L’atelier sur le thème des interactions transport —espace au sein des systèmes de production a réuni des chercheurs issus dedifférentes disciplines en sciences sociales. Ils ont cherché à rassemblerdes travaux abordant les questions relatives au transport de biens, depersonnes et au-delà, d'informations à travers leur articulation aux activités deproduction. Mais ils ont surtout recherché des travaux présentant desapproches innovantes de la relation transport-espace avec l’objectif deconfronter les différentes représentations sous-jacentes.
Le territoire d'une entreprise de transport routier de marchandises évolue en fonction de l'espace de relations qu'elle construit et des savoir-faire qu'elle propose. C'est un territoire plus ou moins maîtrisé dans le temps et dans l'espace. Il est commun à d'autres entreprises, partenaires ou concurrentes, et partagé par celles qui sont implantées dans un même lieu, à proximité de donneurs d'ordres importants. L'Audomarois, au nord de la France, présente la caractéristique d'être à la fois un espace industriel majeur et un lieu de concentration d'entreprises de transport. Les transporteurs y évoluent selon les relations établies et les marchés de transport contractés avec les industriels locaux. Ils développent aussi un espace de relations (liens) et des savoir-faire à différentes échelles, indispensables à la pérennité de leur activité. Le territoire d'une entreprise de transport montre ce qu’est un territoire en général : non borné par des limites géographiques strictes, mais ouvert aux interactions, produit des interactions tout autant qu’il en génère, un territoire en définitive en évolution constante, qui se construit, qui n’est pas figé dans le local ni perdu dans le global, en quelque sorte un territoire qui est une symbiose entre ici et là-bas.
En matière d’infrastructures routières rapides, les grandes métropoles françaises sont désormais reliées. On a pu justifier jusqu’ici que ces infrastructures participaient du processus de métropolisation en tant que matérialisation de la croissance économique. Le schéma directeur des liaisons à venir traverse des espaces moins denses qualifiés de systèmes productifs locaux (SPL). Cette organisation territoriale de l’activité industrielle témoigne d’une efficacité économique reconnue, fondée sur des externalités technologiques de proximité et organisationnelles. On pose la question de savoir l’effet que produira sur ces systèmes productifs une accessibilité accrue à l’ensemble du territoire. On pose comme hypothèse que, jusqu’ici, l’isolement de ces espaces a joué un rôle protecteur favorable à la diffusion des savoir-faire et des connaissances tacites. On montre alors qu’une prise en compte du rôle du transport dans l’établissement des relations interentreprises au sein des SPL permet de renouveler l’analyse des effets de traversée. Dans cette démarche, on montre que, contrairement à ce que laissait entendre la problématique de la métropolisation du territoire, ces espaces peuvent, sous certaines conditions, résister. On a alors des situations de verrouillage spatial.
Le présent article vise à contribuer au débat concernant les liens entre les infrastructures de transport et le développement économique. Ce papier s'insère dans les approches alternatives aux analyses de causalité allant de l'infrastructure de transport vers le développement. Il prend comme point de départ les différentes représentations théoriques du développement économique régional, avant d'aborder le rôle possible du transport, endogénéisé au sein d’une grille de lecture en termes de réseau. Nous adoptons une représentation de la production basée sur la coordination des activités, au sein de laquelle l’activité transport, supportée par les infrastructures, pourrait s’insérer. Le réseau, défini comme un processus interactif de mobilisation de ressources, constitue un mode de coordination particulier, une forme organisationnelle spécifique qui permet l’amélioration de la coordination. Les infrastructures servent de support et non de déterminant à la circulation qui caractérise les interactions résiliaires. Il s’agit simplement de souligner que l’infrastructure n’intervient qu’en tant que support d’un mode de coordination organisationnel basé sur la circulation.
La métropolisation, concentration des hommes et des activités dans les lieux les plus développés, conduit à des différenciations spatiales accrues, à une spécialisation des espaces au sein même de l’urbain, qui se traduisent notamment par une augmentation des trafics. Une analyse de la localisation des activités au sein de l’agglomération lyonnaise permet de mettre en évidence l’émergence de pôles d’emploi périphériques, dont certains, les plus attractifs et diversifiés, suggèrent une évolution vers une organisation urbaine polycentrique polyfonctionnelle.
La messagerie assure les opérations de groupement et de distribution d'envois industriels légers. Elle présente un modèle intéressant de coopération interentreprises fondé sur les logiques territoriales d'un réseau de transport. Après avoir rappelé la composante spatiale des accords de coopération, l'article cherche à montrer comment l'évolution de la demande de transport à l'échelle nationale et son insertion grandissante dans l'espace européen contribue à redéfinir les stratégies des prestataires dans le sens d'une plus forte intégration.