54 | 2008


1. La place du transport dans les organisations logistiques: Introduction au dossier

Jacques Colin ; Laurent Livolsi.

2. La place du transport dans les organisations logistiques durables

Corinne Blanquart ; Valentina Carbone.
Dans la littérature, le lien transport-logistique-stratégies productives des entreprises est affirmé depuis longtemps. L’action publique reconnait ce lien plus récemment au travers notamment des recommandations de la Commission Européenne en faveur de la co-modalité. Mais les leviers privilégiés d’action se situent toujours principalement dans le champ du transport : analyse des goulets d’étranglement, mise en place d’un réseau ferroviaire dédié, promotion du transport multimodal.Notre propos est ici d’insister sur le fait que les stratégies de transport sont toujours le fruit de contraintes multiples, et qu’elles ne peuvent être considérées isolément. Elles sont notamment fortement dépendantes des processus logistiques, et des systèmes productifs. La place du transport sera donc très différente, en fonction des contextes, logistique et productif. Elle sera inévitablement modifiée par les choix de durabilité retenus, dans la mesure où la logistique et la production évolueront elles aussi. Mais les marges de manœuvre des entreprises en faveur de la durabilité ne seront pas identiques pour toutes, certaines firmes étant plus contraintes que d’autres. Promouvoir la logistique et le transport durables implique dès lors d’adapter l’action publique au contexte propre aux différentes chaînes productives et à leurs contraintes.

3. Le transport, parent pauvre ou pièce maîtresse des schémas d’approvisionnement contemporains ?

François Fulconis ; Gérard Roveillo ; Gilles Paché.
L’objectif de l’article consiste à proposer une grille d’analyse des manœuvres stratégiques transport envisageables dans le contexte des schémas d’approvisionnement contemporains. Celle-ci s’appuie sur deux axes structurants : d’une part, le savoir-faire organisationnel développé par le transporteur ; d’autre part, le degré de coordination requis pour un fonctionnement performant au sein de la chaîne logistique. La grille d’analyse donne lieu à quatre configurations types dont la pertinence est discutée à partir de stratégies conduites au sein du groupe Geodis. Il est possible d’en inférer, sur un plan managérial, deux trajectoires possibles pour la manœuvre stratégique transport. L’une risque de faire chuter le transporteur dans une sorte de trappe dont il aura le plus grand mal à sortir, tandis que l’autre s’apparente à une « stratégie gagnante » favorisant son développement sur le marché.

4. Le renforcement des contraintes spatiales des entreprises : le transport comme vecteur de valorisation de la prestation logistique

Sylvie Bazin ; Christophe Beckerich.
Le renforcement de la fonction logistique des entreprises a contribué à sa séparation des activités de transport, notamment par son externalisation en cascade. Les entreprises se sont ainsi focalisées sur cette fonction, délaissant le transport considéré comme basique et présentant moins d’opportunités en matière de productivité, ou de différenciation.Les activités logistiques arrivant aujourd’hui à maturité, les acteurs de la chaîne semblent de nouveau s’intéresser au transport comme vecteur de valorisation de la prestation. A cela trois raisons : d’une part l’amélioration de la prestation logistique trouve ses limites si elle n’intègre pas plus étroitement le transport pour offrir un service intégré et une continuité dans la prestation, d’autre part la maîtrise du transport devient un enjeu de pouvoir dans les relations fournisseurs/distributeurs, enfin l’internationalisation des flux contribue à la volonté de développer des modes de transport alternatifs à la route.Ainsi, la résurgence de l’importance accordée au transport dans la prestation logistique est significative de la persistance du rôle que joue l’espace dans la compréhension des dynamiques économiques et des choix managériaux des entreprises.

5. Structuration de l'activité logistique : des acteurs émancipés du transport ?

Patrick Bourgne ; Christine Roussat.
Les activités pratiquées par les entreprises logistiques sont évolutives. Sous la pression de leurs donneurs d’ordre, elles se tournent graduellement vers des prestations créatrices d’une valeur ajoutée jugée supérieure aux activités de transport et meilleurs vecteurs de différenciation stratégique dans une activité toujours plus concurrentielle. Parallèlement, le secteur se structure autour d’acteurs mondiaux de taille importante via notamment des phénomènes de concentration extrêmement présents ces cinq dernières années. Dans ce contexte, le secteur de la prestation logistique illustre on ne peut mieux les difficultés génériques à définir sur un plan théorique ou pratique, les prestations de service aux entreprises.A travers cette contribution, nous appréhendons ces difficultés en mobilisant les définitions des prestations de services logistiques avant d’examiner les rapports que ces activités entretiennent avec le transport et de recourir à un cadre de référence plus général. Dans un deuxième temps, ces éléments sont utilisés pour analyser l’offre d’un ensemble de PSL mondiaux. Pour chacune des entreprises retenues, nous nous attacherons alors à identifier la structuration affichée des activités et la définition qu’elles en offrent au travers de leurs supports de communication par l’analyse de leurs sites Internet.

6. L'émergence de la notion de "pôle d'échanges" : entre interconnexion des réseaux et structuration des territoires

Cyprien Richer.
Cet article s'intéresse à la notion de « pôle d'échanges » à travers une analyse terminologique. L'évolution sémantique des nœuds de réseaux que nous détaillons dans ce travail, montre une prise en compte plus large de leur double dimension à la fois élément du réseau et du territoire. A partir d'une étude bibliographique, cette terminologie permet de clarifier des mots voisins utilisés dans des contextes différents. L'article montre notamment que l'émergence du terme « pôle d'échanges » et de son équivalent « parc-relais » fait sens par rapport à l'évolution de ces dispositifs. En effet, le besoin de « nommer » ces lieux complexes témoigne de leur importance grandissante dans l'organisation à la fois des réseaux et des fonctions urbaines (répartition de l'habitat, de l'activité, des services ...). Ces dynamiques convergent vers un intérêt croissant pour ces lieux de l'intermodalité mais ne suffit pas à résoudre la diversité des approches, des définitions et des manières de faire les pôles d'échanges.

7. Les incidences du système de transport sur l’ouverture des zones rurales isolées. Le cas de la Kabylie (Algérie)

Hichem Yesguer.
La question de l’accessibilité des agglomérations rurales isolées constitue une contrainte majeure au développement local et régional. L’approche de la fermeture du rural commence par l’étude du réseau de transport, en particulier le réseau local. Intégré dans une politique de développement, ce dernier permet de rompre cet isolement et d’assurer l’intégration de l’espace dans un processus d’ouverture.La Kabylie est marquée par un important déséquilibre spatial et fonctionnel. Le nombre important d’agglomérations produit un espace fragmenté et complètement hétérogène, basé davantage sur la proximité fonctionnelle que sur la proximité spatiale. Des spécificités économiques, politiques, géographiques et socioculturelles de la Kabylie résulte une relation de dépendance qui rattache les petites agglomérations rurales aux zones urbanisées. C’est cette particularité réticulaire qui devrait assurer le bon fonctionnement de ce système spatial fragmenté. Or, dans le moment où l’équilibre, si fragile, du système spatial kabyle repose sur la qualité de son système de transport, le dysfonctionnement de ce dernier vient perturber cet équilibre et aggraver, par conséquent, la marginalisation et la fermeture des petites agglomérations.