Les changements dans les méthodes de gestion de la production industrielle affectent aussi bien les opérations techniques de fabrication que le système d'information qui les pilote. La division entre fonctions productives est remise en cause, de nouveaux critères de performance sont mis en place, dans la perspective d'une meilleure coordination de l'ensemble des opérations, d'un renforcement des liens entre production et marché, d'une meilleure efficacité globale du dispositif de fabrication et de distribution. Les méthodes de gestion logistiques jouent dans cette évolution un rôle central, pour abaisser le niveau des stocks et des en-cours, accélérer la rotation du capital, atteindre les niveaux de souplesse et de fiabilité nécessaires à la production «juste-à-temps». L'industrie du fret - l'activité de transport de marchandises - est directement partie prenante à ces changements : son insertion dans la gestion de production se renforce, tandis que ses propres méthodes de gestion et ses structures sont de plus en plus cohérentes avec celles de l'ensemble de l'industrie.
Cet article, après avoir défini le rôle et le champ de la distribution physique, analyse les stratégies que les industriels, les distributeurs et les transporteurs tentent de bâtir autour de cette démarche. Les stratégies décrites se révèlent alors capables de bouleverser les équilibres actuels du secteur des transports de marchandises.
L'offre nationale de transport terrestre international est marquée de déficiences aussi bien structurelles que fonctionnelles.La réalisation du marché unique européen dans un univers de déréglementation accélérée, impose aux entreprises de transport de se positionner en tant qu'industriels de la circulation.Une meilleure efficacité des transports, porteuse de plus grande valeur ajoutée, passe, par de nouvelles stratégies et combinaisons productives fondées sur l'organisation de réseaux, articulant l'international au national, débouchant sur une offre de produits-systèmes constitués d'un ensemble de propriétés polyvalentes, s'intégrant étroitement au cycle approvisionnement-production-livraison et transformant la fonction d'acheminement en véritable processus de cheminement.
Le transport n'est pas utilisé de la même façon par tous les secteurs industriels. C'est ce que montre l'article en synthétisant une recherche menée auprès de l'industrie agro-alimentaire et de la bonneterie. II en ressort que la maturité logistique des entreprises permet d'expliquer l'émergence d'un nouveau modèle organisationnel, le réseau.
Une enquête, réalisée par l'INRETS en 1988 auprès de 1740 chargeurs industriels et commerçants en gros, a été l'occasion d'innovations méthodologiques qui éclairent d'un jour nouveau le transport de marchandises. L'article présente d'abord les trois innovations essentielles :- la connaissance de la chaîne de transport de bout en bout, par l'interrogation de tous les professionnels intervenant dans le transport ;- la quantification du transport en termes d'envoi (et non plus seulement tonnes et tonnes-kilomètres) ;- enfin la possibilité de connaître l'insertion du transport dans l'économie, c'est-à-dire pouvoir relier les chargeurs, leurs caractéristiques, leurs demandes et l'offre de transport correspondante.En plus des 1740 établissements industriels et commerciaux «chargeurs», quelques 5000 «intervenants transport» ont été interrogés.Dans une deuxième partie, quelques résultats nouveaux sont présentés qui mettent en évidence les apports de l'enquête, par rapport aux sources statistiques existantes.Les résultats portent notamment sur les configurations des marchés par l'analyse séquentielle des chaînes de transport, le rôle et l'articulation des professions de transports et l'utilisation de l'informatique.