42 | 2002


1. La valeur du temps pour les déplacements à longue distance : une évaluation sur données françaises

Hakim Hammadou ; Hubert Jayet.
Cet article est une confrontation systématique, sur les mêmes données et en utilisant une méthodologie statistique uniforme, des différents modèles théoriques sur la base desquelles on peut estimer la valeur du temps. Les valeurs obtenues, pour des déplacements à longue distance, sont très variables d'un modèle à l'autre. Cette variabilité est certes due pour partie à des modèles que, pour des raisons théoriques ou en raison de la qualité plus faible des estimations, nous avons de bonnes raisons d’écarter. Elle n’en incite pas moins à la prudence, les résultats obtenus aujourd’hui sur la base des modèles les plus acceptables pouvant être remis en cause par de nouvelles propositions plus satisfaisantes. Elle permet également de montrer l’importance d’une bonne connaissance des variables d’offre, ainsi que des variables descriptives des caractéristiques socio-économiques de l’individu et du contexte de son déplacement.

2. Les rapports tumultueux de la loi et de la négociation dans le secteur des transports routiers

Stéphane Carré.
Dans le secteur du transport routier, de marchandises comme de voyageurs, la nécessité de mener à son terme le voyage commencé et l’existence concomitante de longues plages horaires de travail, a de longue date incité à la mise en place de règles dérogatoires au droit commun, en matière de durée du travail. Au demeurant, la loi parlementaire admet aujourd’hui que des adaptations puissent avoir lieu par décret, de même qu’elle autorise la conclusion de conventions collectives dérogatoires, dans certaines limites. Néanmoins, la pression des partenaires sociaux est telle que, bien souvent, ni les règlements en réalité négociés auprès du ministère de tutelle, ni les conventions collectives ne respectent scrupuleusement le carcan législatif. Aussi, nombre de dispositions juridiques ont été, ces dernières années, jugées illégales par les tribunaux. Mais l’État, garant de la paix sociale et de l’ordre public, de même que partie prenante aux discussions préparatoires, tente par divers procédés d’asseoir juridiquement ces règles exorbitantes, ce que permet son pouvoir normatif, ainsi que différentes failles ou ressources du système juridique.

3. Evaluation du coût social du bruit des avions. Application de la méthode d’évaluation contingente au cas d’Orly

Guillaume Faburel.
En vue d’évaluer le coût social du bruit des avions à Orly, nous avons opté pour une méthode dite de préférences déclarées : la méthode d'évaluation contingente (MEC). Malgré les biais d’analyse que l’usage de ce procédé peut impliquer, le recours à la MEC a aussi permis d’approfondir le vécu sonore des 607 personnes enquêtées, et notamment leur niveau de gêne due au bruit des avions, puis alors d’apprécier l’influence de ce vécu sur les consentements à payer déclarés, indice de mesure du coût social. Pour ce faire, deux phases de traitements statistiques ont été accomplies : la première porte sur la gêne sonore et les facteurs qui l’expliquent, la seconde concerne les consentements à payer et les variables qui les déterminent. L’un des principaux résultats est que le niveau de gêne des riverains d’Orly figure au tout premier rang des préférences monétaires ainsi déclarées. A la suite, nous exposons les chiffrages de coût social. Nous pensons alors leur usage potentiel dans un contexte européen marqué par une réflexion émergente sur l’acceptabilité sociale des aéroports.