Alors que le développement des transports collectifs urbains (TCU) est considéré comme une priorité pour favoriser la transition écologique, la crise sanitaire de la Covid-19 a affecté leur fonctionnement par des contraintes en matière d’adaptation de l’offre, rendues nécessaires du fait des restrictions de déplacements et des limitations de l’activité économique pendant les périodes de confinement. La littérature existante s’est principalement focalisée sur la fréquentation des différents modes de transports, l’évolution des pratiques de mobilité et la manière dont les gouvernements ont géré cette crise. Cet article s’intéresse plutôt aux effets de la Covid-19 sur l’offre et le financement des TCU et analyse si cette crise a été à l’origine de nouvelles dynamiques d’investissement et une redéfinition des priorités dans les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM). En mobilisant les données de 95 AOM (35% des AOM en 2019) et d’une enquête auprès de 39 AOM (14%), trois principaux résultats ont été établis. Le premier est la forte diminution des recettes tarifaires, quelles que soient les catégories d’AOM en France. Toutefois, compte tenu de la contribution limitée des usagers au financement des TCU, celles-ci ont pu être facilement compensées par une augmentation du versement mobilité, des aides de l’Etat ou encore par une contribution des collectivités territoriales. Le deuxième résultat est qu’en […]
La circulation inter-files (CIF) est une pratique encadrée qui consiste à circuler entre deux files lorsque le trafic est congestionné ou ralenti (Sperley et Pietz, 2010). Bien qu’elle ne soit pas autorisée sur l’ensemble du territoire français, la pratique de l’inter-files est courante au sein des conducteurs de deux-roues motorisés (2RM). Une première expérience (2015-2018) a été menée dans onze départements autorisant l’inter-files sur les autoroutes et les voies rapides urbaines (Eyssartier et al., 2018). Une seconde expérimentation est menée depuis 2021 dans dix nouveaux départements, où cette pratique est désormais encadrée par huit conditions spécifiques. L’objectif de cet article est de présenter les résultats de cette seconde expérience en analysant l’acceptabilité sociale de cette politique de sécurité routière. Il s’agit également d’identifier les facteurs impactant l’attitude générale vis-à-vis de la mesure et l’intention comportementale du respect des règles encadrant l’inter-files en mobilisant la Théorie unifiée de l’acceptation et de l’utilisation de la technologie développée par Venkatesh et al. (2003). Des régressions ont été réalisées sur les variables « Attitude générale » à l’égard de la mesure pour les automobilistes et les motocyclistes et « Intention de respecter les règles » pour les motocyclistes. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les conducteurs ont une […]
Par ses multiples enjeux, la mobilité scolaire quotidienne fournit une littérature internationale issue de champs divers. Les disciplines médicales alertent du déclin des modes actifs comme un problème majeur de santé publique. Les sciences sociales étudient cette mobilité à l’instar de la place qu’elle tient dans la qualité de vie des enfants et son influence sur les comportements qu’ils auront une fois adulte. Nonobstant, l’étude des externalités environnementales et les disparités sociospatiales de cette mobilité reste limitée, a fortiori dans la littérature française. Cette recherche interroge les moyens d’action pour une mobilité scolaire plus soutenable. Elle s’appuie sur une enquête menée dans le Département de la Gironde auprès des collégiens du secteur public sur leurs déplacements domicile-étude. Nous commençons par calculer les gaz à effet de serre rejetés par ces déplacements. Nous cherchons ensuite à mieux comprendre les liens de ces émissions et des comportements de mobilité au regard des caractéristiques sociales et spatiales de l’enfant, permettant de mieux dessiner les contours d’une action œuvrant pour la réduction des émissions et des inégalités de mobilité.
Le présent article éclaire sur le financement de la mobilité en Afrique. A travers deux terrains de recherche (Lomé et Dakar), il met d’abord l’accent sur les difficultés de financement des projets en faisant observer la prédominance et l’insuffisance des fonds étatiques ainsi que la faiblesse des contributions des collectivités locales et des acteurs privés. Les projets de mobilité nécessitent des investissements importants, une dette à maturité longue contre une tarification sociale. Les banques commerciales locales sont incapables en raison d’un faible capital de fournir des prêts à long terme alors que les contributions des collectivités locales qui disposent d’une faible autonomie financière se résument à la mise à disposition de la voirie. Ainsi, pour attirer les investisseurs, l’article préconise de construire une gouvernance territoriale de la mobilité et de bâtir des projets « bancables ». En effet, les sources de financement sont multiples et disponibles. Mais pour être éligibles, les projets doivent aller au-delà de simples « bonnes idées » et bâtis autour des études de faisabilités. C’est l’exemple du projet de Bus Rapid Transit porté par le CETUD (Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables) à Dakar.