38 | 2000


1. Les surcouts du camionnage en Afrique après la dévaluation du franc CFA

Christophe Rizet ; Henri Gwét.
Le Cameroun et la Côte d’Ivoire ont accompagné la dévaluation du Franc CFA de janvier 1994 par une réduction de la fiscalité destinée à contenir la hausse des prix et, dans le domaine des transports, par des politiques destinées à rétablir l’état du réseau routier et à rendre le marché des services de camionnage plus concurrentiel. Des enquêtes sur les prix et coûts de camionnage menées en 1988, avant la dévaluation, et en 1996, 2 ans après celle-ci, permettent d’en apprécier l’évolution. La baisse constatée des prix en devises du camionnage est liée principalement à la réduction de la fiscalité sur les facteurs de production importés (véhicules, carburant, pièces détachées). On constate deux effets inquiétants pour la pérennité du système : un vieillissement du parc, lié à l’incapacité des transporteurs à racheter des véhicules neufs, et une augmentation du tonnage moyen par chargement, bien au-delà de ce que les chaussées peuvent normalement supporter.

2. Une mesure dynamique des relations entre transports collectifs, étalement urbain et motorisation. Le cas de Lyon, 1976-1995

Patrick Bonnel.
A l'heure où de nombreuses agglomérations en Europe cherchent à réduire ou à contenir la place de la voiture en ville pour répondre à des objectifs environnementaux ou économiques, cet article vise à quantifier la contribution de certaines tendances lourdes à l'évolution du partage modal entre les transports collectifs et la voiture. Nous examinons l'incidence de l'étalement urbain et de la croissance de la motorisation sur la part de marché des transports collectifs et de la voiture particulière. Sur l'agglomération lyonnaise, au cours de chacune des deux dernières décennies, l'évolution des localisations a été synonyme, selon la décennie et la zone d'étude, d'une perte de 6 à 9 % sur la part de marché des transports collectifs tandis que l'évolution de la motorisation (à structure spatiale des flux stable) a signifié une perte plus modérée de 1 à 4 %. Cette quantification permet d'éclairer les décideurs sur les évolutions probables de la part de marché des transports collectifs et sur l'importance de certains facteurs dans ces évolutions. Elle permet de bâtir des scénarios plus réalistes en matière de partage modal et de mesurer l'importance des efforts à consentir, ne serait-ce que pour contenir la place de l'automobile dans une perspective de développement durable.

3. Juste-à-temps, stratégies logistiques et rôle du transport

Antje Burmeister.
Cet article analyse, grâce à une grille de lecture théorique en termes de " proximité " et aux données d’une enquête en entreprises dans le nord de la France, le rôle du transport et de la logistique dans les modes de production actuels, pour montrer notamment leur affranchissement par rapport aux contraintes de transport telles que l’accessibilité. On montre, en particulier, que la diffusion du Juste-à-temps ne peut pas être reliée à la qualité de l’accès au système de transport. A travers une typologie des logiques de circulation des entreprises, fondée sur le concept de " monde de production ", l’article explore ensuite la variété des stratégies à la disposition des entreprises pour assurer la flexibilité, la qualité et la fiabilité de la circulation de leurs produits. On identifie quatre logiques de circulation (industrielle, flexible, professionnelle et immatérielle), qui se différencient notamment du point de vue de la nature des flux stratégiques, de l’organisation du transport et de la logistique, de l’utilisation de l’EDI et, plus généralement, des formes de proximité. On montre finalement qu’il n’y a pas de convergence vers un mode de production unique ni vers une logique de circulation unique.

4. Développement soutenable et valorisation des externalités environnementales des transports

Jacques Stambouli.
La problématique du développement soutenable permet de comprendre les externalités environnementales négatives des transports comme des déchets dépassant les capacités d'assimilation des milieux naturels et des êtres humains. Elle conduit à une comparaison entre les coûts des dommages en cas de non-soutenabilité et les coûts d'évitement des dommages pour atteindre les normes de soutenabilité. Cette comparaison nécessite une méthode homogène de valorisation. Cet article part des analyses fondamentales de Sraffa et Ricardo pour bâtir cette méthode. Il ajoute aux équations de reproduction de Sraffa des équations de recyclage des déchets et élargit la théorie de la rente foncière de Ricardo à certains actifs naturels critiques. Il applique ensuite ses conclusions théoriques au cas concret des externalités environnementales négatives du système de transport dans la région Ile-de-France. Concernant l'effet de serre et la pollution régionale de l'air, les coûts d'évitement des dommages sont inférieurs aux coûts des dommages, rendant économiquement efficace la recherche de la soutenabilité.