45 | 2004


1. Implications urbaines des mutations démographiques et économiques dans les pays développés

Marc Termote.
L'objectif de ce bref article est de tenter de dégager quel impact les tendances lourdes en matière démographique et économique pourraient avoir sur la croissance et la structure urbaines dans les pays développés. Les implications urbaines de cinq phénomènes " porteurs d'avenir " sont discutées : le vieillissement démographique, l'immigration internationale, la mondialisation, la désindustrialisation, et le rôle croissant des nouvelles technologies de communication. L'impact urbain de ces processus est examiné aussi bien du point de vue de la structure spatiale d'un territoire national (le réseau urbain) que du point de vue de la structure spatiale de la ville elle-même. La conclusion essentielle est que les profondes transformations démographiques et économiques en cours conduisent toutes à renforcer les grandes régions métropolitaines et les zones centrales à l'intérieur de ces régions.

2. Budgets temps de transport : les sociétés tertiaires confrontées à la gestion paradoxale du " bien le plus rare "

Yves Crozet ; Iragaël Joly.
La croissance tendancielle des revenus transforme notre gestion du temps. Comme le budget temps quotidien est rigoureusement stable, le temps devient, en termes relatifs, " le bien le plus rare ". Face à cette situation de rareté radicale, les moyens de transport rapides, cherchent à nous faire " gagner du temps ". Pourtant, tout se passe comme si, avec l'accroissement de la vitesse, l'impression de rareté du temps augmentait. Pour éclairer ce paradoxe, nous nous intéressons au budget temps de transport (BTT) dans les agglomérations des pays industrialisés en reprenant la conjecture de Zahavi ou hypothèse de constance des BTT. Dans cette hypothèse, l'amélioration des vitesses se traduit par un réinvestissement du temps gagné dans d'autres déplacements. Il en résulte une dilatation des espaces-temps de la ville, une sorte de fuite en avant qui aiguise le sentiment d'une rareté croissante du temps. Un tel mécanisme est visible dans les agglomérations d'Amérique du Nord et d'Océanie. Un " modèle extensif de ville " peut ainsi être distingué, où se conjuguent accroissement des distances parcourues et des BTT. Face à ce " modèle extensif ", les villes européennes et les métropoles asiatiques présentent un " modèle intensif ", caractérisé par une stabilité des BTT. Comment interpréter cette spécificité européenne ? S'agit-il d'un décalage temporel, […]

3. Des avantages comparatifs de la ville compacte à l’interaction mobilité-forme urbaine. Méthodologie et premiers résultats

Guillaume Pouyanne.
Le développement durable assigne aux politiques urbaines un objectif prépondérant : limiter la place de l’automobile dans les déplacements. A cette occasion resurgit la problématique de l’étalement et, par ricochet, celle des densités. Les avantages de la ville compacte, notamment en termes de mobilité, incitent plusieurs pays à adopter des politiques de compacification. Pourtant un certain nombre de critiques questionnent la validité de ces avantages autant que la mise en œuvre de ces politiques. L’examen serré de la controverse sur les avantages comparatifs de la ville compacte nous permet de construire une démarche méthodologique personnelle qui ambitionne de traiter des relations complexes - et peu explorées à ce jour – qu’entretiennent les formes urbaines et les comportements de mobilité. Quelques résultats portant sur l’agglomération bordelaise (données 1998) sont présentés.

4. Mobilité urbaine, périurbaine, rurale en Belgique : où sont les différences ?

Jean-Paul Hubert.
Ce texte compare les comportements de mobilité des Belges en fonction du degré d'urbanisation des lieux de résidence. Une variable d'urbanisation est construite selon le critère morphologique de la continuité du bâti. La mobilité est comparée grâce à des indicateurs produits à partir des données de l’enquête belge sur la mobilité de 1999. Ces analyses montrent une grande uniformité des besoins de déplacements et de l'organisation des chaînes d'activité quotidiennes, qu'elles soient structurées par le travail ou non. Le degré d'urbanisation dans l'espace belge a un effet sur la réalisation des déplacements, le mode utilisé et les distances parcourues, mais le temps passé en transport ne varie guère.

5. L’emploi dans le transport de marchandises et la logistique : une évaluation temporelle en France et en Allemagne

Michel Savy ; Catharina Horn.
L'évaluation du poids du transport de marchandises dans l'économie se heurte à plusieurs problèmes de définition et de méthode. D'une part, le transport se répartit entre le transport pour compte d'autrui (vendu sur le marché des services) et le transport pour compte propre (interne à des entreprises agricoles, industrielles ou de services disposant de moyens de transport pour leur propre usage). D'autre part, certaines entreprises de transport exercent une activité mixte, couvrant à la fois les passagers et le fret. La mesure de l'importance du transport de fret à travers le nombre d'emplois concernés permet de surmonter cette double difficulté.L'article effectue cet exercice sur une assez longue période (de 1982 à 1999) et en comparant deux grands pays européens (l'Allemagne et la France). L'approche diachronique permet notamment d'apprécier le rythme de l'externalisation relative du transport de marchandises par les chargeurs (passage du transport pour compte propre au compte d'autrui). La comparaison internationale valide et nuance les résultats. L'exercice est en outre élargi du transport proprement dit à une activité "logistique" plus large.

6. La régionalisation du transport ferroviaire régional de voyageurs : expériences françaises et italiennes

Claudia Burlando ; Laurent Guihéry.
Depuis les années 70, le transport régional ferroviaire de voyageurs connaît un recul de sa part modale face au transport individuel. Pour enrayer ce déclin, une réforme de fond est aujourd'hui engagée en France comme en Italie dans le sens d'une régionalisation du transport ferroviaire régional de voyageurs. Cette réforme se caractérise dans les deux pays par un transfert de compétence vers l'échelon régional qui devient autorité organisatrice pour les services de transport ferroviaire régional de voyageurs et par la mise en place de contrat de service entre l'opérateur, qui reste en France uniquement la SNCF, et la région. A cela s'ajoute dans les deux pays une négociation entre l'État central et la région sur le montant financier des subventions transférées pour les missions de transport ferroviaire régional. L'article détaille l'avancement de la réforme dans les deux pays et pose la question des limites et freins à cette réforme d'envergure. La France suivra-t-elle la voie de l'Italie qui a ouvert l'accès aux réseaux régionaux à de nouveaux entrants par la mise en œuvre de procédures d'appels d'offres et de franchises régionales ?