75 | 2019


1. Relations bilatérales entre aéroports secondaires et compagnies à bas coût: Quelles justifications concurrentielles sur la base des gains d’efficacité ?

Amaury Goguel ; Maxence Miéra ; Stephane Vigeant.
Une part importante des activités aériennes est constituée de relations bilatérales liées à diverses imperfections de marché. Deux traits caractéristiques de ces relations bilatérales sont, d’une part, les pouvoirs de négociations endossés par les parties contractantes, et, d’autre part, la tendance résultante à l’intégration verticale. Pour mettre en lumière les effets afférents et les éventuelles justifications concurrentielles sur la base des gains d’efficacité, nous développons un modèle simple incluant les spécificités du secteur aérien telles que les coûts de congestion progressifs et les économies d’échelle dues à la présence de coûts fixes. Dans ce cadre, nous examinons le niveau de production d’équilibre selon l’asymétrie des pouvoirs de négociation entre l’aéroport et la compagnie. Les résultats sont comparés avec ceux d’une activité intégrée entre ces deux acteurs afin de vérifier si les éventuels gains d’efficacité productive rapportés dans la littérature ne sont pas neutralisés par une perte d’efficacité allocative se traduisant par une hausse des prix pour les voyageurs. Cette contribution semble finalement légitimer une certaine souplesse face aux mouvements d’intégration verticale dans cette configuration de marché.

2. Modèle de pilotage de la performance globale basé sur les perceptions des parties prenantes portuaires

Wided Bedoui ; Mame Gningue.
Cet article présente un modèle de pilotage de la performance globale basé sur les perceptions des parties prenantes portuaires. L’objectif de ce travail est de contribuer à la réflexion sur l’intégration de la théorie des parties prenantes au pilotage de la performance globale des organisations. De ce fait, nous avons tout d’abord réalisé une revue de littérature sur la théorie des parties prenantes, le concept de performance globale et les apports du croisement de ces deux domaines de recherche. Ensuite, nous nous sommes inspirés de cadres théoriques pour développer un modèle multidimensionnel désagrégé, allant de l’analyse des parties prenantes portuaires par la méthode de l’Analyse Procrustéenne Généralisée à la détermination d’un tableau de bord reflétant les attentes de ces parties prenantes par l’Analyse en Composantes Principales. Nous avons choisi d’appliquer ce modèle au port de Radès caractérisé par une diversité de modèles unidimensionnels de performance et une autorité portuaire régalienne. Ce modèle pourrait servir d’outil d’aide à la décision et de pilotage de la performance globale renforcé par une cohésion entre les parties prenantes portuaires.

3. Positionnement stratégique de la Chine en Méditerranée : le projet “Belt and Road Initiative”

Jérôme Verny ; Ouail Oulmakki ; Thierry Blayac.
Le projet Belt and Road Initiative (BRI) initié par Beijing en 2013 identifie la Méditerranée comme axe stratégique de redéploiement de la Chine dans le cadre des routes de la Soie du XXIème siècle avec un intérêt particulier pour la route Asie-Europe. Ce papier analyse les implications du projet BRI sur les réseaux maritimes en Méditerranée et sur l’émergence de nouveaux hubs portuaires poussée par la montée en puissance des investissements chinois. La notion de connectivité est formalisée, puis illustrée à travers le cas du port du Pirée acquis par COSCO en 2008. Les résultats suggèrent que la présence chinoise en Méditerranée se renforce au fur et à mesure que Beijing coordonne des opérations de rachat et de prises de participation dans des infrastructures stratégiques dans le pourtour méditerranéen. Notre analyse montre également la croissance des flux de conteneurs captés par les ports situés sur la route maritime Asie-Europe et présentant un intérêt stratégique pour Beijing.

4. Méthodologie de filtrage et de traitement de données de signalisation de la téléphonie mobile pour la construction de matrice origine-destination: Application à la Région Rhône-Alpes

Mariem Fekih ; Patrick Bonnel ; Zbigniew Smoreda ; Tom Bellemans ; Angelo Furno ; Stéphane Galland.
Les matrices origine-destination (O-D) sont nécessaires à la planification des transports que ce soit pour alimenter les travaux de modélisation ou l’analyse de la mobilité. De nombreux travaux ont été réalisés sur la production de matrices à partir des données de la téléphonie mobile. La plupart des travaux porte sur les données de facturation. Nous proposons dans ce papier de travailler avec des données de signalisation en soulignant l’avantage de ces données pour la construction des matrices de déplacements. Nous proposons un algorithme en trois étapes s’appuyant sur un filtrage des données, la détermination du domicile associé aux mobiles et l’estimation de facteurs d’expansion zonaux. Nous proposons une validation des données produites en les confrontant à des sources de données externes. Nous mobilisons pour cela les données de la dernière enquête déplacements en Rhône-Alpes (EDR). L’approche retenue pour la construction des matrices origine-destination génère un nombre de déplacements proches et des structures de matrice similaires. L’analyse des régressions du nombre de déplacements issus de la téléphonie mobile par les déplacements de l’EDR fournit des coefficients de détermination de 0,95 assez proches de 1 et une constante faible. Dans la dernière partie de l’article, nous abordons également les limites de ce travail en proposant des pistes d’amélioration et de prolongements.