37 | 2000


1. Les grands projets de transport transeuropéens : multiplicité des acteurs, conflits et coordination de l’action

Marianne Ollivier-Trigalo.
Le secteur des transports doit faire face à de nombreuses crises. Elles mettent en lumière le fait que maintenant il n'existe plus un porteur légitime unique d'une mesure ou d'un projet, qui puisse coordonner et intégrer les différentes stratégies des acteurs impliqués. Le principal problème auquel doit faire face la décision publique est celui de la coordination de l'action. C'est au cadre théorique de la sociologie de l'action organisée qu'il est fait appel ici pour comprendre comment est conduit un processus de décision, compte tenu des différents échelons de compétence, des stratégies des acteurs à chaque niveau et des objectifs poursuivis. Dix études de cas ont été entreprises afin d'essayer de comprendre ces processus de mise en oeuvre dans différents contextes nationaux. Ils appartiennent pour la plupart aux réseaux transeuropéens (RTE). Dans chaque cas, les interactions entre acteurs et les stratégies déployées ont été analysées. La comparaison entre cas a permis d'appréhender les enjeux et les règles décisionnelles liés à la mise en oeuvre des RTE. Un retour sur deux cas, le lien fixe dans l'Oresund et le projet Lyon-Turin, permet d'appréhender les conditions de mobilisation collective à travers la notion d'entreprise politique.

2. Le couple mobilité-immobilité au cœur de l'étalement urbain : le cas montréalais

Luc-Normand Tellier ; Yves Bussière.
Toutes les villes modernes sont aux prises avec les défis posés par l’étalement urbain. Montréal ne fait pas exception. Nous faisons ici le point sur la situation montréalaise en mettant côte à côte certains faits touchant à l’évolution des conditions de la mobilité et à celle du secteur immobilier dans l’espace. Le passé récent et le présent sont décrits à l’aide d’indicateurs classiques. Des projections de l’évolution prévisible du tissu urbain montréalais sont présentées qui ont été générées à l’aide de l’approche topodynamique, une approche originale basée sur la théorie wébérienne de la localisation. Le lien entre les résultats obtenus et la théorie de la forme urbaine fait l’objet de remises en question. Enfin, une piste est proposée suivant laquelle il pourrait être possible d’infléchir les tendances à l’étalement urbain par la régulation, au moyen du péage urbain, du prix de la mobilité à l’intérieur du territoire urbanisé.

3. Le coût économique de la congestion du périphérique parisien : une approche désagrégée

Remy Prud'Homme ; Yue Ming Sun.
Le coût de la congestion est défini comme la différence entre l’utilité effectivement engendrée et l’utilité qui serait engendrée si le périphérique était utilisé d’une façon optimale. Il est ce que nous perdons à ne pas avoir une politique de réduction optimale de la congestion. Ce coût est estimé sur le cas du périphérique parisien, la voie la plus importante d’Europe, pour l’utilisation duquel on dispose de données très détaillées. La relation densité-vitesse propre au périphérique est d’abord estimée. Elle est utilisée pour calculer, classe de vitesse (et densité et flux) par classe de vitesse, la situation optimale. La réduction de trafic nécessaire à cet effet apparaît relativement constante. On en déduit, toujours classe de vitesse par classe de vitesse, le coût de congestion. L’agrégation de ces coûts fait apparaître un coût annuel d’environ 0,6 milliard de francs. Ce coût ne représente guère que 5 % de l’utilité associée à l’usage du périphérique.

4. Les économies d’échelle dans le transport maritime de lignes régulières

Pierre Cariou.
Cet article s’intéresse aux économies d’échelle dans le transport maritime de lignes régulières et propose une mesure alternative des déséconomies d’échelle au port. Il tente de montrer que l’accroissement observé de la taille des navires lors des années quatre-vingt dix peut s’expliquer à la fois par la croissance de la productivité et de la densité des grues, mais aussi par la croissance des taux d’enlèvement qui s’applique aux navires par port. Il propose un modèle pour lequel le temps au port dépend du nombre de conteneurs à (dé)charger relativement à la taille des navires repris sous le terme de taux d'enlèvement. Il souligne que l'apparition d'alliances de capacité depuis 1994, en favorisant à la fois une coopération sur les navires, mais aussi sur les réseaux (" Hubs and spokes "), est un facteur à l’origine de la croissance observée, depuis le début des années quatre-vingt dix, de la taille des navires en opération sur les principales maritimes routes Est/Ouest.